Elections européennes : que faut-il en penser ?

Publié le 8 Juin 2019

Une chose est sûre, le résultat des élections européennes pour notre mouvement n’est pas bon et compte tenu de la campagne électorale, de la mobilisation autour de Manon Aubry, on se devait d’espérer un score se rapprochant du résultat des législatives de 2017 qui était de 11%. Avec 6,3% nous en sommes loin, même si nous devons intégrer que nous sommes un mouvement politique naissant (- de 3 ans), que nous n’avions qu’un député européen et que nous en avons aujourd’hui 6 qui siégeront à Strasbourg.

Localement, c’est-à-dire le secteur de Béthune-Bruay nous faisons mieux que nationalement. Les résultats pour notre mouvement sont très contrastés, il y a des différences sociologiques importantes dans la population du secteur et on ne peut pas comparer les résultats entre Ferfay et Vaudricourt ainsi que de Béthune et Bruay. Dans toutes les communes importantes (+ de 3000h) nous réalisons des scores entre 7 et 11%. Bruay 8,2, Houdain 8, Verquin 8,2, Calonne Ricouart 8,7. Parmi les villes qui nous ont placé deuxième il faut noter Ferfay 9,4, Isbergues 9,2, Cauchy à la tour 9,8 et Marles les mines avec 11% .Il faut constater que ces résultats qui restent bas mais honorables, sont aussi dû à la présence et à l’action des militants sur le terrain depuis 3 ans. Nous sommes localement reconnus comme force politique non négligeable et dans les prochaines élections municipales nous serons, s’il y a des possibilités,  présents.

L’abstention reste forte, malgré un léger mieux dans quelques secteurs. Pour mémoire 55,65 % à Auchel et 51,15% à Calonne-Ricouart, résultante de la situation sociale d’une population laissée pour compte. Les résultats de RN sont toujours bien présents dans l’ex bassin minier. On peut même sans peine calquer les bons résultats du RN sur le taux de pauvreté : il est identique ! Nous avons raison de dire avec ce vote, que nous sommes en présence de « fâchés » plutôt que de « Fachos ». À Marles le RN réalise 53,7 % et dans bien d’autres communes du secteur laissant entrevoir des jours sombres comme à Bruay Labuissière où le projet est déjà bien acté. Si les écologistes ont fait de bons scores nationalement, on ne les retrouve pas du tout dans notre secteur. Sur Bruay Labuissière ou le mouvement est présent depuis plusieurs décennies, ils ne font que quelques voix de plus que nous. Quant au PS et ses associés, ils ne brillent guère, généralement autour de 5% des voix mêmes dans les bastions tenus depuis des lustres par les socialistes. Il est clair que dans ces élections européennes, localement, les forces politiques qui dominaient auparavant sont à la peine. Même la majorité présidentielle ne fait pas mieux. Le RN domine sur beaucoup de communes dans ce type d’élections sans pour autant transformer l’essai dans d’autres scrutins.

Nous nous devons, nous, France Insoumise, d’analyser nos résultats bien en deçà de nos espérances.

Le premier point qui nous fait mal, c’est que, par rapport aux présidentielles qui nous avaient placé à près de 20%, 55% des électeurs qui avaient voté pour JL Mélenchon se sont abstenus. De ce chiffre impressionnant, on ne peut  faire abstraction surtout que les premiers indices traduisent une forte abstention dans les milieux populaires.

Le deuxième point : il était mathématiquement impossible de faire un score du même niveau que les présidentielles, la « gauche », c’est environ 30 à 35% du paysage électoral. En 2017, l’offre pour les électeurs de gauche est Benoit Hamon pour le PS, les Verts, les Radicaux ainsi que d’autres petits mouvements et JLM de la France Insoumise avec le PC, donc 2 candidats. Pour les européennes l’offre passe de 2 à 5 pour l’électorat qui se situe à gauche sans compter les listes d’extrême gauche. La mission de faire autant qu’aux présidentielles, était donc impossible à réaliser, tout juste pouvions nous viser le score des législatives de 2017, ce que parfois nous avons fait localement.

Troisième point dont nous avons été les victimes c’est la dualisation de ces élections européennes voulue par le pouvoir en place qui a renforcé LREM sur sa droite mais aussi renforcé le RN. Il est même certain que pour des électeurs, surtout dans les milieux populaires qui nous avaient rejoint en 2017, la meilleure des sanctions était pour eux le vote RN. Le jeu que Macron a fait ne peut se répéter indéfiniment au risque de renforcer le RN et de le voir un jour aux commandes de notre pays.

Avons-nous fait une bonne campagne, les orientations étaient-elles bonnes, claires et bien fondées, la tête de liste était-elle à la hauteur ?

En ce qui concerne notre campagne, elle était pour des européennes d’un bon niveau par rapport à d’autres listes, localement nous n’avons pas à rougir de ce qui a été fait. Ensuite pour l’orientation de cette campagne c’était un mix entre ce que nous pensions de cette Europe plus libérale que sociale et une condamnation à travers ce vote de la politique de notre gouvernement. Certains nous reprochent d’avoir parlé plus de sanctions que d’Europe, le RN a principalement utilisé cet argument et en a pleinement profité ! Quant à la tête de liste ceux qui l’ont vu dans les médias, dans les meetings, sur le terrain reconnaissent ses valeurs, ses compétences, sa pugnacité. Dernier élément que l’on peut nous reprocher c’est l’attitude parfois contestée du fondateur de notre mouvement en particulier durant l’épisode des perquisitions dans nos locaux qui rappelons le restent abusives et téléguidées par le pouvoir en place. Même, s’il ne faut pas nier que cela puisse avoir eu un impact sur le résultat, le phénomène reste marginal, plus amplifié par des rédactions parisiennes et bien pensantes.

Les réactions, sont même bien différentes dans les milieux populaires souvent victimes des violences patronales et sociétales.

Pour terminer, il faut aussi méditer le résultat de Monsieur Bellamy, candidat de la droite Fillion, pourtant on ne peut plus hyper correct dans les débats, qui passe de 20 à 8%.

N’oublions pas aussi que ces élections européennes ne sont jamais le reflet d’une future politique nationale. L’abstention minore les résultats obtenus, pour mémoire en 2009, les verts réalisaient 16,28 % et obtenaient un peu plus de 2% aux présidentielles.

Notre mouvement, qui reste naissant se doit de réfléchir encore plus sur les chemins politiques à prendre, notre vocation est de faire retourner à un vote constructif les « fâchés ». Ces derniers exprimant une colère à travers le vote RN qui va à l’encontre de leurs intérêts. L’empilement des partis politiques comme il était coutume de le faire n’est plus gage de réussite. Le bouleversement politique qui s’est engagé il y a trois ans n’est pas près de s’arrêter. Les grands partis dominants pendant plus de 50 ans sont aujourd’hui à un niveau tel qu’ils ne peuvent plus influencer durablement la politique de notre pays.

Il faut donc redonner le pouvoir de décider à l’immense majorité de nos concitoyens qui n’ont fait que subir ! Le chantier est important mais nous devons y croire.

Jean-Luc

 

 

Rédigé par Jean-Luc Lambert

Publié dans #Politique

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