Le Contrat de travail partagé : 2 millions d’emplois, c’est maintenant !

Publié le 5 Janvier 2017

Les 66 milliards d’aides versées chaque année aux entreprises sont aussi dispendieux qu’inefficaces.  Pourtant, ces 66 milliards permettrait d’embaucher 2 millions de privé-s d’emploi tout en permettant à un nombre équivalent de salarié-es de se réorienter grâce à un contrat de travail partagé.

Les entreprises ont bénéficié en 2012 de plus de 46 milliard d’aide (rapport Queyranne juin 2013). Ces aides ont été reconduites en 2013 et 2014  et cette manne financière devrait encore grossir en 2015 avec la montée en puissance du CICE qui devrait ajouter 20 milliard supplémentaires dans l’escarcelle des entreprises et surtout de leurs actionnaires. Pour quels résultats ? Nous sommes passés de 4,6 millions de  privé-es d’emploi fin 2012 à 5,7 millions en 2015, soit une augmentation de 24 %. Le constat est implacable.

Aides à l’économie réelle

Cessons immédiatement ces politiques aussi dispendieuses qu’inefficaces et réattribuons immédiatement ces aides dans l’économie réelle c’est-à-dire celle au service des hommes et non pas au service des profits. Combien de salarié-es peut-on payer avec 66 milliard d’euros ? Le calcul est relativement simple puisque le salaire moyen d’un salarié est de 2 000 brut par mois auquel il faut ajouter environ 37 % de cotisations patronales soit au total 2 750 euros par mois ou 33 000 euros par an. Une simple division permet de constater que la réallocation des 66 milliard d’aides aux entreprises accordées chaque année en France permettrait de payer immédiatement  2 millions de nouveaux salarié-es à un niveau de salaire supérieur de 50 % par rapport au Smic !

Sans compter l’économie réalisée par le reversement des cotisations sociales qui permettrait instantanément de rééquilibrer les caisses dévolues à la protection sociale qui depuis des années creusent leurs tombes à coups de déficits jamais compensés.

Sans compter la formidable relance de la consommation intérieure engendrée par l’injection dans l’économie réelle d’une masse de liquidités – les salaires – dont une bonne partie sera immédiatement dépensée par une population jusque-là exsangue. Une relance de la consommation qui profitera aux entreprises et qui, pour une fois, donnera crédit au discours usé d’un monde patronal sclérosé qui, pour se justifier de ne pas embaucher malgré la profusion d’aide, invoque le sacro-saint carnet de commande…

De l’audace sociale

Ne verrions-nous pas enfin advenir l’avènement du cercle vertueux réclamé en chœur par toute une partie des économistes ? Ceux-là même en général plus atterrés par les perspectives boursières que par l’inflexion de la courbe du chômage ou celle du nombre de suicides liés au chômage… Mais comment créer 2 millions d’emplois ? Quel travail leur confier ? Où les mettre tout simplement ?  Tout simplement à la place des salarié-es actuellement en poste ! Il y  19 millions de salarié-es en CDI en France, 19 millions de salarié-es qu’on oblige à  travailler pendant plus de quarante ans, tous les jours, dans des conditions pas toujours épanouissantes mais qui ont au moins la chance d’avoir un CDI. Beaucoup d’entre eux rêve chaque jour d’un autre job, ont d’autres aspirations, quand ils ne sont pas simplement lassés d’un travail qui ne leur apporte plus de satisfaction.

A coté de cela, aux confins de ce noyau salarial stable, essaient de subsister plus de 5 millions de privé-es d’emploi, chômeurs, précaires ou intermittents du chômage. Qu’attendons-nous pour partager autrement le volume de travail ? Qu’attendons-nous pour passer du discours théorique sur les insiders et outsiders à une véritable avancée sociale où tout le monde serait gagnant ? Proposons l’audace de l’innovation sociale : du chômage subit au chômage choisi ! Offrons la possibilité à tous les salarié-es en CDI depuis plus de cinq ans de suspendre, à leur demande, leur contrat de travail pendant un an tout en continuant à percevoir leur salaire et en ayant l’assurance de retrouver leur poste à l’issue de cette période. Instaurons le Contrat de travail partagé qui permettra à un demandeur-se d’emploi de remplacer cette ou ce salarié-e absent-e en bénéficiant des mêmes conditions de travail et de salaire. Cette ou ce nouveau salarié-e ne  coûtera pas plus cher à son employeur-e qui se verra rembourser de la totalité de cette charge salariale nouvelle grâce aux 66 milliard économisés sur les aides actuellement dépensées sans aucune preuve de leur efficacité.

Partager le travail

Faisons le pari que de nombreux salarié-es franchiront le pas et profiteront de cette année sabbatique pour se former, changer de métier, créer une entreprise ou simplement souffler, tout en continuant à pouvoir régler leurs factures, leur loyer et les études des enfants. Faisons le pari qu’une partie d’entre eux trouvera pendant cette année une autre opportunité libérant définitivement un poste au profit d’un chômeur qui aura eu le temps de se former pendant un an dans l’entreprise, tandis que l’autre partie reviendra dans son entreprise enrichie de compétences nouvelles. Faisons le pari que de nombreuses chômeuses et de nombreux chômeurs réinsérés directement dans le monde du travail pendant un an retrouveront très rapidement leur employabilité, accéderont plus facilement au CDI dans l’entreprise d’accueil (ou chez le concurrent..) ou, au pire, retrouveront des droits aux allocations chômage qu’ils auront contribué à recharger pendant 1 an.

Ayons l’audace de libérer le contrat de travail non pas en l’appauvrissant d’année en année au seul profit d’un lobby patronal obnubilé par le coût marginal du travail mais en l’enrichissant d’un nouveau droit pour tous les salariés : celui du partage du travail assorti enfin d’un timide mais réel partage des richesses.

Michel

Exergue : Offrons la possibilité à tous les salarié-es en CDI depuis plus de cinq ans de suspendre, à leur demande, leur contrat de travail pendant un an sans baisse de revenu.

Rédigé par Docteur CAC

Publié dans #archives

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